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Les crues du 18 juin 2013

Analyse des événements qui ont conduit aux crues catastrophiques

du Mardi 18 Juin 2013. Problème du déclenchement de l'alerte rouge aux crues.

(Jean-Sébastien Gion, Master en Aménagement des Ressources Naturelles, UPS, Toulouse)

Jean-Sébastien Gion, bien connu à Bagnères-de-Bigorre, a pensé à notre site loucrup65.fr pour publier son analyse sur les terribles crues de juin 2013. Qu’il en soit grandement remercié !  La première partie de son exposé, très détaillée techniquement, passionnera ceux qui s’intéressent aux phénomènes météorologiques et leurs conséquences. La deuxième partie aborde plus particulièrement la question du déclenchement des alertes avec des propos clairs et engagés qui sortent des clichés et du politiquement correct. Tout n’est pas, en effet, à mettre sur le dos du réchauffement climatique ou la faute à pas de chance. L’émotion passée, l’heure est à l’analyse et aux interrogations légitimes. Bonne lecture.

    Mises à part, bien évidemment, les personnes riveraines du Gave de Pau composé du Gave d'Azun, de Cauterets, de Gavarnie et du Bastan, celles riveraines de la Neste d'Aure et du Louron, de la Pique et de la Garonne qui ont subi le terrible impact des crues torrentielles du 18 Juin 2013, mis à part également toutes celles et tous ceux qui ont porté secours, je ne suis pas persuadé qu'il y ait beaucoup de monde qui se soit rendu compte de l'énormité de l'événement et de son origine malgré l'abondante diffusion de documents par les médias et internet.

    Encore aujourd'hui et pour longtemps, l'observation des lits et rives des cours d'eau restent impressionnante !

           

    Retour en arrière pour  une analyse des événements que l'on peut découper en 4 étapes bien différenciées, une chronologie semblable à celle qui avait causé les grandes inondations du Sud-Ouest du 23 Juin 1875, même si les inondations de Juin 2013 étaient plus localisées qu'en Juin 1875. (cf. tableau p. 8)


TEXTE


- Étape 1: l'hiver 2013, Janvier et Février ………………………………page 2, 3

- Étape 2: Le printemps, le mois de Mai et la situation au 31 Mai……. page 3, 4

- Étape 3: les phases de redoux du 26 Mai au 16 Juin…………………. page 5

- Étape 4: Les précipitations intenses des 17 et 18 Juin, ……………….page 5, 6

- Résumé de la situation et tableau comparatif avec 1875 ……………..page 7, 8

- Les questions qui se posent sur le déclenchement  de l' alerte rouge... page 9 à 11

- Cas particulier du Bastan, du Gave de Gavarnie et de l'Adour……... page 11 à 14

- Quelques ordres de grandeur: débit, matériaux transportés… ……. page 14 à 17

- Annexe 1: publication J.S. Gion du 18 Février ………………………. page 18

- Annexe 2: publication J.S.Gion du 28 Mai …………………………… page 19, 20

- Annexe 3: mail J.S. Gion du 17 Juin, 16h. 17 ………………………… page 21




DOCUMENTS JOINTS


- Doc. 1: Histogramme des précipitations de Janvier et Février

- Doc. 2: Histogramme des précipitations du mois de Mai

- Doc. 3: Diagramme ombro-thermique P= 2T. Comparaison 2013 avec la moyenne sur 30 ans

- Doc. 4: Histogramme des températures maximales sur les phases de redoux

- Doc. 5: Précipitations des 17, 18 et 19 Juin reportées sur la carte en relief.

- Doc. 6: Cartographie des vallées pyrénéennes touchées par les crues

- Doc. 7: Document "Vigiecrue"

- Doc. 8: Géographie de la vallée du Bastan: Barèges et amont de Barèges

- Doc. 9: Le Massif du Néouvielle et ses trois façades: Gave, Adour, Neste

ÉTAPE 1:  L' HIVER:  JANVIER et FÉVRIER 2013 (cf. Doc. n° 1 )

Décembre 2012:


     Les huit premiers jours vont fournir 80%  des précipitations du mois avec des températures de 2,3° en dessous de la normale. La deuxième moitié du mois est beaucoup plus douce par des journées avec vent à effet de fœhn.

    Bilan du mois: 138 mm de pluie et un cumul d'environ 1 mètre de neige à 1800 m.



Janvier et Février 2013 (cf. Doc n° 1 et annexe 1 p. 18):


    Excepté le 1er de l'an, le mois de Janvier commence par de superbes journées ensoleillées, pas un seul nuage et une atmosphère d'une pureté exceptionnelle. Et l'on recommence à entendre dire "Il n' y a plus de saisons", "Il ne neige plus comme avant", "le réchauffement climatique…" en oubliant déjà les beaux hivers 2011 et 2012 et ceux, excellents et exceptionnels de 2006, 2009, 2010, les trois meilleurs de ces 30 dernières années… L'hiver 2013 va tout bouleverser, il sera infernal !…

    Entre le 14 Janvier et le 15 Février on comptera 26 journées avec précipitations totalisant 476 mm. de pluie en piémont soit la valeur de 4 mois et demie de précipitations en seulement 33 jours ! et comme la température moyenne est de 1,3° en dessous de la normale, la neige descend systématiquement jusque entre 700 et 1000 m. d'altitude.


    A 1800 m, le cumul de neige est de 6 m. et de 9 à 10 m. à 2500 m. (pour rappel, le cumul moyen annuel de neige au Pic du Midi de Bigorre, 2877 m. est de 9 m.)


    Les montagnards n'en peuvent plus de déneiger; à Barèges, les protections actives type râteliers à neige de la Montagne Fleurie et de la Piquette sont enfouies sous la neige et n'ont plus d'efficacité, la commune fait évacuer 600 skieurs le 10 Février

    L'ensemble du mois de Février est froid (2,1° en dessous de la normale) et encore plus froid sur la fin du mois avec la neige qui descend à 500 m. d'altitude.


    Sur les deux mois on totalise déjà 542 mm. de pluie sur le piémont soit 47 % des précipitations d'une année normale. En montagne, ces 542 mm. représentent une épaisseur cumulée de 6 à 7 m. de neige à 1800 m. et de 12 m. à 2500 m.


      Tout point situé à 1800 m. d'altitude en hautes vallées du Gave de Pau, de l'Adour, des Nestes, de la Pique ou de la Garonne pouvait se vanter de posséder un record du monde d'enneigement comme l'avait déclaré, je ne sais qui, pour  la station de ski de Cauterets.



Mars 2013:


     Un certain nombre de journées avec fœhn (cf. encadré p. 19), du 04 au 08, les 22 et 23, entraînent une  fusion partielle mais le manteau neigeux  est globalement maintenu car les précipitations du mois restent excédentaires (+ 31 % par rapport à la normale)  avec une température de 0,3° en dessous de la moyenne.

ÉTAPE 2:  LE PRINTEMPS: AVRIL et MAI 2013 (cf. Doc n° 2)

Avril 2013:  


    On peut espérer que le plus dur de l'hiver soit passé, mais non ! les journées du 04 au 09 puis du 27 au 30 sont hivernales ! L'ensemble des précipitations du mois sont encore excédentaires avec 137 mm. (+ 31 % par rapport à la normale) avec une température de 0,4° en dessous de la normale. Le manteau neigeux ne subit pratiquement aucune fusion et reçoit un cumul supplémentaire de 1,50 m.


    Du 1er Janvier au 30 Avril, la hauteur des précipitations à 500 m. d'altitude représente déjà 804 mm. (contre 409 en moyenne), on atteint un cumul de neige de 10 m. à 1800 m. et d'environ 14 m. à 2500 m.



Mai 2013::


    Allons ! le printemps va bien finir par arriver…mais le joli mois de Mai va s'avérer horrible: 22 journées sur les 31 du mois avec précipitations qui vont donner 256 mm. de pluie (piémont) soit plus de deux fois la normale mais surtout avec une température moyenne de près de 4° (3,7° exactement) en dessous de la normale induisant donc une limite neige qui descendra fréquemment jusqu' à 1200, 1400 m. d'altitude. La fusion de la neige en altitude ne se fait pas et le manteau neigeux se renforce d'un cumul de 2 à 3 m. supplémentaires.

La situation est des plus alarmantes…



La situation au 31 Mai 2013


    L'énorme problème qui se présente est le suivant: du 1er Janvier au 31 Mai 2013 on a totalisé 1060 mm. de précipitations soit 91 % d'une année complète en 5 mois seulement ayant produit un cumul gigantesque de neige d'environ 12 à 13 m. à 1800 m. , de 18 m. à  2500 m. On mesure un cumul de 20 m. à l'observatoire du Pic du Midi, 2877 m. (rappel du cumul moyen annuel de neige au Pic du Midi: 9 m.).


    Étant donné le déficit de  température de cette période:  une moyenne de 1,3° en dessous de la normale sur ces 5 mois ou 6,4°  en déficit cumulé dont le mois de Mai représente à lui seul plus de la moitié, le manteau neigeux n'a subi qu'une assez faible fusion ce qui veut dire qu' au 31 Mai, une bonne partie des Pyrénées centrales se retrouvait avec un manteau neigeux d'une valeur en eau d' environ 800 mm.* soit l'équivalent de 7 mois de pluie bloquée sous forme de neige !


* cette estimation peut se contrôler avec les mesures de la balise Nivose des lacs d'Ardiden (2445 m;) qui donnait une épaisseur du manteau neigeux de 2,75 m. le 14 Mai; en supposant une masse volumique moyenne de la neige de 300 kg/m3 on obtient une valeur de 825 mm. d'eau


    Le 26 Mai, le col du Tourmalet est loin d'être ouvert: le déneigement est arrêté au virage situé sous le Pic d'Espade, la tranchée dans la neige présente une hauteur de 7 à 8 m. ! Le restaurant "l'étape du berger"  émerge à peine à moitié de l'océan de neige, la transhumance n'est pas pour demain !


    Au 31 Mai 2013, la Garonne à Toulouse se trouvait à la côte + 3,60 m. (une similitude avec le 05 Juin 1875  où sa côte était à  +  4,30 m.)


    Malheur donc  à la période de redoux qui va bien finir par se présenter car il faut rappeler qu'au 31 Mai, nous ne sommes plus qu'à 21 jours du solstice d'été… Tout dépendra donc des modalités du redoux: si il est progressif, les cours d'eau encaisseront, si il est brutal aggravé par un effet de fœhn, ce sera beaucoup plus problématique, surtout pour les zones situées en aval mais il ne faudrait surtout pas que des précipitations viennent s'ajouter à cette fonte des neiges ! ne serait-ce que 20 ou 30 mm. de pluie et ce serait déjà la catastrophe.(cf. annexe 2, p. 19 et 20)


    Les hydrauliciens d'EDF qui connaissent parfaitement le terrain et l'état du manteau neigeux sont conscients du problème que va poser la fusion de cette énorme quantité de neige accumulée; ils procèdent  au turbinage des eaux des lacs de retenue afin de tenter de les vider le plus possible pour qu'ils puissent servir d' écrêteur de crue, l'écrêtage d'une crue étant efficace, bien évidemment, tant que le lac de retenue n'est pas plein.

ÉTAPE  3:  LES 3 PHASES de REDOUX du 26 MAI au 16 JUIN 2013 (cf. doc. n° 4)  

    En observant l'évolution des températures on constate que le redoux s'opère en 3 phases:      


    La 1ére phase de redoux est très timide,  (26 et 27 Mai).; la journée du Dimanche 26 Mai est superbe avec du très grand beau temps, froide le matin (+ 0,9° à Bagnères de Bigorre, - 6° à La Mongie) et douce en milieu de journée avec + 19,2°,  puis 16,0° le lendemain 27 Mai. mais les cours d'eau réagissent immédiatement, Adour comprise, avec une augmentation de débit  classique


     La 2ème phase est  plus prononcée, elle intervient les 05, 06 et 07 Juin avec des maxima de température qui oscillent entre 25,9° et 26,6°. Tous les cours d'eau grossissent un peu plus mais sans aucun dommage, puis se calment avec la fraîcheur des journées des 08, 09 et 10 Juin.


    La 3ème phase de redoux est très sérieuse, elle s'étale du 12 au 16 Juin avec des températures maximales de 29,1° le 12 Juin; 26,3° le 14; 32° le 16. Circonstance aggravante, la fusion du manteau neigeux est accélérée par un effet de fœhn dû aux masses d'air venant du Sud et qui s'assèchent en franchissant la crête frontière en venant impacter le manteau neigeux aussi bien sur les ombrées que sur les soulanes. (Météo-France et l'ANENA, organisme d'étude de la neige et des avalanches, estiment que sous effet de fœhn la fusion de la neige est 4 fois plus intense que sous incidence solaire classique)


   Tous les cours d'eau sont impressionnants,  le 14 Juin en soirée par exemple,, le Gave de Cauterets, à la confluence du Gave du Lutour et du Val Géret, commence à saper le parking de La Raillère;

     A Barèges, l'avalanche du ravin Ets Ars, entre le Transarious et la Souriche serait venue atteindre le Bastan le 12 ou le 13 Juin, elle n'avait jamais été vue aussi grosse d'après les barégeois et elle aura vraisemblablement un rôle sur l'aggravation de la crue du Bastan (pages 11 à 13)

     Malgré tout cela et à ce stade là, les crues des cours d'eau par fonte des neiges se passent finalement pas trop mal et ils se maintiennent  dans leur lit, excepté en aval, sur le piémont, pour certain d'entre eux mais, étant donné leur état à ce jour du Dimanche 16 juin et avec des aquifères qui sont pleins à ras-bord, il est évident que des précipitations intenses qui s'ajouteraient à cette phase de fonte auraient des conséquences absolument catastrophiques…

ÉTAPE 4:  LES  PRÉCIPITATIONS INTENSES des 17 et 18 JUIN (cf. doc. n° 5 et 6)

La journée du Dimanche 16 Juin était trop belle….  dès le lendemain, Lundi 17 Juin, par le bulletin météo montagne de 7h30 du matin, Météo-France prévoit ce que l'on pouvait redouter:

"Lundi 17 Juin: flux de Sud, hauteur neige à la balise d'Ardiden (2445 m.): 2,58 m.

                         Alerte jaune aux orages pour la soirée du 17; fortes précipitations: de 30 à 40 mm. sur 24 h. avec renforcement sur la frontière.

Mardi 18 Juin: perturbé, fortes précipitations de 40 à 60 mm. avec renforcement sur la frontière

Mercredi 19 Juin: maussade et humide, neige à partir de 2400 m."

 

      Les Pyrénées connaissent bien cette situation caractéristique où les précipitations sont relativement modérées sur le piémont (20 à 40 mm. de pluie) pour augmenter jusqu'à atteindre des valeurs de 200, 250 ou 300 mm. au niveau de la crête frontière.


      C'est cette situation qui avait été responsable des inondations:

- du Gave de Pau, à Lourdes en particulier, le 20 Octobre 2012. On relevait 30 à 40 mm. de pluie sur le piémont tandis que l'on atteignait 231 mm. à Gavarnie et vraisemblablement 300 mm. sur la crête frontière.


- des Nestes d'Aure et du Louron (et des Rios espagnols) les 07 et 08 Novembre 1982  ("La Prade" à Gavarnie avait été fortement touchée). On relevait 17 mm. de pluie à Lannemezan, plus de 250 mm. estimés sur les crêtes frontières de la Neste d'Aure et du Louron


    Mais ces épisodes pluvieux ne s'étaient pas ajoutés à la fusion d'un épais manteau neigeux comme en Juin 2013 !


     Sur cet épisode pluvieux, il sera tombé 35 mm. de pluie à Bagnères, de 103 à  126 mm. sur l'axe Barèges – Luz St Sauveur, Cauterets, 182 mm. à Gavarnie (et vraisemblablement plus de 200 mm. sur l'axe frontière). A quelques jours près, c'est ce qui s'était passé en 1875 entre le 20 et le 23 Juin (167 mm. de pluie qui s'ajoutait donc au gros enneigement de l' hiver 1874-1875, au printemps pluvio-neigeux  et au redoux de Juin 1875)


      Il faut rappeler ici qu'il n'y a eu aucun lâcher d'eau de barrage comme l'on peut systématiquement l'entendre dire chaque fois qu'une crue importante se présente ! mais une fois que le lac de barrage est rempli le trop plein se met à fonctionner, exactement comme une baignoire, et l'eau reprend son cours normal. Donc il faut arrêter de dire des contre-vérités pour ne pas dire autre chose…

La suite hélas, on la connaît, 100 km. de chaîne pyrénéenne (doc. N° 6) ont été plus ou moins durement touchés: dévastation complète de l'axe du Bastan, de Barèges à Luz St Sauveur puis toute la zone de Pierrefitte-Nestalas, Villelongue, Soulom… Dégâts considérables sur le Gave de Cauterets surtout au niveau des infrastructures routières (le village de Cauterets lui même est passée au bord de la catastrophe)… puis Argelès, Lourdes, Nay (chemin de fer), Pau… Les Vallées des Nestes, la Pique (Luchon, St Mamet), la Garonne où St Béat a été cruellement touché, pas de la même manière que Barèges car la crue n'y était pas aussi torrentielle mais l'eau et la boue ont tué le village.



    Un premier point du Conseil Général en Septembre 2013 faisait mention de:

- 127 communes déclarées en catastrophe naturelle

- 130 millions d' euros de dégâts (berges: 58 M€; routes départementales:32 M€; ponts et routes diverses: 31 M€; assainissement et eau potable: 8 M€)

- 350 entreprises touchées directement et 400 impactées; 3000 emplois concernés

- 47 hôtels touchés à Lourdes dont 18 resteront fermés toute l'année

- 12 campings fermés dans le Comminges


SI L'ON RÉSUME BRIÈVEMENT

- Un énorme cumul de neige en Janvier et Février 2013: 9 m. à 2500 m. d'altitude le 15 Février (étape 1)

- Un mois de Mai froid et très neigeux en altitude où le cumul de neige s'accentue: 18 m. à 2500 m. du 1er Janvier à la fin Mai (étape 2)

- Une faible fusion du manteau neigeux fin Mai dû au déficit de Température

- Les phases de redoux aggravé par un effet de fœhn (étape 3)

- Les précipitations intenses des 17 et 18 Juin (étape 4)


Cette chronologie des événements ne pouvaient qu'aboutir au désastre du 18 Juin

           (cf. tableau p. 8)



.   ***Le document n° 3 représente la climatologie de 2013 en comparaison avec la climatologie moyenne établie sur 30 ans.

       Cette représentation du climat est faite sous la forme du Diagramme Ombro-Thermique de mode P = 2T mis au point par le génial professeur Henri Gaussen de l'Université Paul Sabatier de Toulouse:


- Les mois sont portés sur l'axe des Abscisses. Les cases grisées indiquent les mois possédant au moins 1 jour avec gel.

- L'échelle des températures est portée sur l'axe des Ordonnées de gauche

- L'échelle des précipitations en mm. est portée sur celui des Ordonnées de droite en prenant le double de la valeur de la température (ex: en face de 15 °: 30 mm.; en face de 50°: 100 mm.).

     L'astuce consiste à changer d'échelle pour les précipitations supérieures à 100 mm., en passant ainsi de 1 carreau pour 10 mm à 1 carreau pour 100 mm. et l'on noircit toute partie de courbe dépassant les 100 mm.


INTÉRÊT: d'un seul coup d'œil, on peut définir les mois pluvieux (plus de 100 mm.), les périodes de sécheresse (quand la courbe des précipitations passe en dessous de la courbe des températures),  le type de climat: atlantique, méditerranéen, continental…

COMPARAISON des SITUATIONS MÉTÉOROLOGIQUES de 1875 et de 2013

(données des précipitations et de températures à Bagnères de Bigorre: Jean-Sébastien Gion)

LES QUESTIONS QUI SE POSENT SUR les MISES en ALERTE

Une alerte rouge "Vigiecrue" bien tardive due à une négligence des références historiques. (cf. doc. n° 7)


    Il s'agit ici d'un point qui n'a pas ou  peu été évoqué. C'est tout de même un sérieux paradoxe puisque la grande référence en matière de crue centennale pour tout aménagement du territoire dans le Sud-Ouest est la crue du 23 Juin 1875 or la chronologie des 4 étapes précédemment décrites est  très similaire à ce qui s'était passé de Décembre 1874 au 22 Juin 1875 et elles avaient abouti à ce que l'on a appelé les "grandes inondations du Sud-Ouest" du 23 Juin, une référence historique en matière d'inondations au même titre que celles de Paris en 1910.

     En 1875, tout avait commencé par un hiver exceptionnel (comme celui de 2013) que décrit le Général de Nansouty dans sa lettre du 16 Décembre 1874 (cf. annexe 1, p. 18);  puis, ayant suivi la suite des évènements météorologiques: un printemps particulièrement pluvio-neigeux, le redoux de début Juin, les journées à précipitations intenses des 20, 21 et 22 Juin 1875 (comme en 2013) il avait prévu les crues du 23 Juin mais n'avait pu, hélas ! alerter les populations du piémont par absence de poste télégraphique à sa station météo du col de Sencours (2375 m.) sous le sommet du Pic du Midi de Bigorre.


    Ayant moi-même suivi de très près la météorologie de cette période, j'écrivais toutes mes inquiétudes dès le 28 Mai 2013 dans une publication titrée "La climatologie de 2013 continue à se corser sérieusement… inquiétant !" (cf. annexe 2, p. 19 et 20) en décrivant les types de redoux à attendre dont celui qui pourrait être aggravé par un effet de fœhn (étape 3) et j'ajoutais "en espérant ardemment que des pluies intenses ne viennent s'ajouter à cette situation !" (étape 4)

     Au regard de tout cela, au soir du Dimanche 16 Juin 2013 et au terme de la phase de redoux avec effet de fœhn, il n'y avait plus alors qu'une seule chose à faire: guetter la prévision éventuelle par Météo-France de précipitations intenses pour déclencher immédiatement une alerte rouge aux crues…


     A la suite du bulletin météo, du Lundi 17 Juin, 7h30, (cf. .page 5) je ne tiens plus et j'écris immédiatement un mail que j'enverrai à nombre de parents et amis à 16h17 exactement en mentionnant: "la 4ème étape se prépare, c'est une alerte rouge écarlate qu'il faut lancer immédiatement ! ce qui nous attend va être monstrueux" (cf. annexe 3, p. 21)


     Mais l' alerte rouge officielle sur le Gave de Pau ne sera donnée que le lendemain, Mardi 18 Juin 14 h. alors que Barèges était déjà en train de se faire dévaster… Quand à la Neste, la Pique ou la Garonne,  l'alerte "Vigiecrue" n'est même pas passée au rouge alors que les sirènes retentissaient dès le début de la matinée du 18 pour alerter les habitants de St Mamet et de Luchon (sur la Pique). Totalement incompréhensible !

    A noter que beaucoup d'hydromètres ont décroché le Mardi 18 Juin entre 19 h. et 21 h.: Argelès, Lourdes, Nay et celui de la Garonne à Bossost, dès 8h. du matin. (doc. N° 7).

Une absence de vision globale et une perte de la notion de terrain


    Les acteurs concernés par les crues sont nombreux: Météo-France, Agence de Bassin Adour-Garonne, la DREAL (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) et son service "Vigiecrue", La Direction Départementale du Territoire, les services de Restaurations des Terrains de Montagne, etc, etc…


     Chaque étape a été décrite, décortiquée individuellement: l'enneigement de l'hiver, le printemps pluvio-neigeux, les sols saturés d'eau, les redoux, les précipitations  de Juin…tout est noté au mm. près, au 1/10ème de degré, hauteur d'eau, de neige…mais il semblerait que personne n'ait rattaché entre elles toutes ces étapes, n'ait été capable d'en faire une analyse synthétique afin de déclencher en temps voulu les alertes aux populations..

      

     Qui n'a donc pas fait le lien entre tous ces éléments alors que Météo-France avait parfaitement prévu l'occurrence de l'étape 4 qui allait être inéluctablement fatale en raison de l'existence des trois premières étapes ?


    Pourquoi ne pas l'avoir déclencher dès l'annonce des prévisions météorologiques du Lundi 17 Juin à 7h.30 du matin ?


    Pourquoi avoir attendu les premiers dégâts pour passer au rouge ?

    

    En soirée du Lundi 17 Juin le Gave de Cauterets continuait à saper le parking de la Raillère: quant au Bastan à Barèges, il s'attaquait à l'amont de l'Avenue Louvois.

     Le Mardi 18 Juin à 4h. 45 du matin, le Bastan envahissait l' Avenue Louvois et commençait à la détruire en changeant de lit…  l'alerte rouge officielle ne sera donnée que 9h15 mn. plus tard !

      Nous possédons une multitude de données, une informatique performante, les yeux sont rivés sur les ordinateurs et les pieds bloqués sous le bureau au lieu d'aller se rendre compte de temps en temps de ce qui se passe sur le terrain, "voir in situ". Un bon observateur qui aurait scruté l'état des cours d'eau dès le 16 Juin en connaissant tout ce qui s'était passé depuis le 14 Janvier aurait vite compris l'énorme problème qui était en train de se poser.


    Qui peut me dire à quoi peut servir la notion d' alerte rouge si l'on ne sait pas ou si l'on n'ose pas la déclencher assez tôt à l'avance pour mettre à l'abri les personnes et les biens. ? Il est vrai que la prise de décision d'une mise en alerte rouge n'est pas évidente  et l'on n'a pas le droit de se tromper sous peine d'inefficacité pour de futurs événements mais il y a certains cas, tellement évidents, comme celui du Lundi 17 Juin au matin ,où il ne fallait pas hésiter.


    Cette alerte rouge aux crues n'aurait bien évidemment pas permis d'empêcher les ravages constatés mais si elle avait été lancée plus tôt, dès la matinée du Lundi 17 Juin . combien de personnes auraient pu sauver leurs affaires personnelles, les papiers, l'informatique, leur véhicule ?


Il semblerait donc qu'il faille revoir sérieusement le dispositif d'alerte aux crues !


- Tenir réellement compte des références historiques.


- Retrouver la pratique du terrain, trop supplantée par les relevés automatiques, les Systèmes d'Informations Géographiques et les écrans d'ordinateur (au demeurant tous trois indispensables)


- Avoir des hydromètres fiables et des boîtiers électroniques qui ne prennent pas l'eau !


- Face à l'empilement des organismes qui semblent mal communiquer entre eux, nommer un excellent technicien coordinateur capable d' avoir une vision globale et de synthétiser les évènements afin d'aider à la prise de décision


- Revoir, bien évidemment, les permis de construire sur les zones à risques


     La liste est loin d'être exhaustive…Et de grâce, que l'on arrête d'analyser le climat par le petit bout de la lorgnette et que l'on arrête de taper en touche en évoquant systématiquement le dérèglement climatique ! Il y a déjà eu des catastrophes de ce type et il y en aura d'autres.  

Le CAS PARTICULIER de BARÈGES sur le BASTAN (cf. doc. n° 8 et 9)

    Sur 100 km. de la chaîne pyrénéenne affectée par les crues du 18 Juin, du Gave d'Azun à la Garonne, c'est l'axe du Bastan, de Barèges à Luz, qui a été le plus dévasté alors que cet axe a subi les 4 mêmes étapes que les autres vallées (excepté l'Adour, cf. p. 14) et avec la même intensité

     Plusieurs éléments expliquent cet aggravation des dommages dans cette vallée:


La configuration de la vallée du Bastan (doc. 8)

    

    Elle est étroite, encaissée et à très forte pente.(près de 9 % entre Tournaboup et Luz-St Sauveur).

La configuration du bassin versant rive gauche: le Massif du Néouvielle (doc. n° 9)


   Le 1/3 du bassin versant du Bastan intéressant directement la zone de Barèges se situe dans le Massif du Néouvielle qui présente une topographie très particulière de  haut plateau ou de larges vallons situés à plus de 2000 m. d'altitude: Aygues-Cluses, Ets Coubous. la Glère.


   Si l'on y ajoute les vallons d'Oncet et de la Bonida de la rive droite, cela représente pratiquement la moitié du bassin versant  en zone idéale pour stocker l'épais manteau neigeux sur une grande superficie (une cinquantaine de km2). Au 20 Mai, la balise "Nivose" située à 2445 m. au lac d'Ardiden indiquait une épaisseur de manteau de 3,20 m. et l'on relevait encore 2,58 m. le 05 Juin (cf. p. 14 et 15 l'estimation de la valeur en eau du manteau neigeux)


    Le Massif du Néouvielle a d'ailleurs joué ce rôle sur ses trois façades (doc. n° 9)


- celle du Gave donc: Ets Coubous/Aygues-Cluses, la Glère, le Bolou (Bastan); l'Yse, le Barrada (Gave de Gavarnie)


- celle de la Neste d'Aure: le Couplan


- celle de l'Adour dans une bien moindre mesure: le Garet



Les ravins avalancheux de la rive droite (doc. n° 8)


     Le malheur de Barèges ! on ne compte plus les avalanches qui ont touché le village ou l'amont du village: 1803 (11 victimes), 1811, 1822, 1842 ("jusqu'à la hauteur des maisons"), 1855 (Avril, 12 victimes), 1856, 1879, 1882, 1886, 1889, 1895, 1897, 1902, 1907, 1939 ("4 m. de neige dans la rue principale"), 1986 (immeuble en amont de l'ancienne gare du téléphérique de la Laquette), 2013 (Place du Casino)


    C'est en 1860 qu'a été créé le service de Restauration des Terrains de Montagne afin de dompter les avalanches venant du Capet et coulant par le ravin du Theil  en particulier; l'aménagement était considérable: 7750 pieux, 33 barrages, 2400 m. de palissade de 1,46 m. de hauteur, 1,22 hectares de banquettes le tout complété en 1890 par 50 autres hectares de banquettes et 250 hectares de plantation.          


   Y aurait-il eu donc des embâcles sur le Bastan ? au niveau du ravin du ruisseau du Lac det (juste en amont de Transarious) et surtout au niveau du ravin du ruisseau d'Ets Ars (entre Transarious et Souriche) où une avalanche, d'après une source barégeoise, serait descendue le 12 ou le 13 Juin.  Une partie du cône avalancheux était encore visible au milieu du mois d'Août (cf. doc. N° 8, carte du Bastan)


     Une fois l'embâcle effectuée, il peut se former une retenue d'eau en amont mais le cours d'eau finit par forer un tunnel à travers la neige pour reprendre son cours normal jusqu'à ce qu'il s'effondre éventuellement pour boucher temporairement le cours d'eau

  

     Une crue qui a duré plus longtemps que partout ailleurs, une montée rapide des eaux,  l'observation par les témoins de plusieurs pics de crues  dans les journées des 18 et 19 Juin pourraient s'expliquer par des effondrements successifs du (des) tunnel(s) à neige que le Bastan avait réussi à creuser à travers les cônes de déjection avalancheux des ravins  d'Ets Ars,  du Lac det. (du Theil ?) en obstruant donc le Bastan un certain temps puis en le libérant.



***Reconstitution des événements à Barèges


    Mardi 18 Juin, 4h. 45 du matin, le Bastan commence à s'approprier l'Avenue Louvois qu'il détruira en quelques heures (premier lâchage d'embâcle avalancheuse?)


    Une excellente photo prise depuis la Résidence Richelieu le Mercredi 19 Juin à 9h34 du matin (environ 24 h. après la destruction de l' Avenue) montre des eaux à très forte turbidité dont le débit semble s' être un peu calmé; le Bastan a totalement dévié de son lit et a emporté toute l'Avenue: de nombreuses gaines rouges sont éparpillées un peu partout, une grosse gaine rouge pend au dessus du Bastan, une autre est posée parallèlement au cours d'eau, le long de la rambarde de l'Avenue détruite, isolée sur un lit d'alluvions sur lequel est posé un important morceau de parking goudronné dont on voit les marquages blancs.


     La photographie prise par la Dépêche du Midi le Jeudi 20 Juin  montre un débit et une turbidité des eaux du Bastan plus faibles mais l'on n' aperçoit plus, ni les gaines rouges, ni le gros morceau de parking que l'on pouvait repérer sur la photographie prise la veille à 9h.34 du matin.

    Il s'est donc obligatoirement passé un gros événement dans la journée du Mercredi 19 Juin, après 9h34 du matin or, une arrivée subite d'une vague de 2 mètres de hauteur a été observée par des témoins ce qui ne peut s'expliquer que par la libération brutale d'une embâcle du Bastan causée par un cône avalancheux.

     Le Mercredi 19 Juin à 18 h., un témoignage prouve que les gaines rouges et le gros bloc de route goudronnée étaient toujours en place, le lâchage d'une deuxième embâcle avalancheuse s'est donc produit dans la soirée du 19 ou dans la nuit du  Jeudi 20.

   

    Les dévastations par le Bastan auront duré 48 heures !          


    Enfin, il faut remarquer que cette dévastation causée par la crue du Bastan est très similaire à celle qui avait été causée par la crue du 03 Juillet 1897 mais c'est bien la mémoire de la chronologie des événements de 1875  qui aurait dû servir de référence  en 2013 pour déclencher une alerte rouge  plus précoce.



CAS du GAVE de GAVARNIE (carte doc. n° 6)



    Les impacts de la crue de Gavarnie jusqu'à Pragnères sont bien moins importants que partout ailleurs bien que les étapes décrites aient été les mêmes et avec de très fortes précipitations du 17 au 19 Juin (182 mm.); la configuration des bassins de réception de Troumouse, Estaubé, Gavarnie et Ossoue à plus de 2000 m. d'altitude présentent une moindre superficie que celle décrite pour le Bastan, ce qui a entraîné une moindre quantité d'eau libérée par la neige en fusion.


    En venant de Gavarnie, il faut arriver à Pragnères pour observer de réels dégâts au niveau du lit du Barrada qui se jette dans le Gave mais en venant droit du Massif du Néouvielle où l'on retrouve la  configuration de haut plateau ou de larges vallons sur le secteur des lacs Rabiet et Tourrat  

 

    Un peu plus en aval, c'est l'Yse, descendant également du Néouvielle qui a causé d'énormes dégâts à Luz-St Sauveur, en parallèle avec le Bastan.


     Côté Bastan comme côté Gave de Gavarnie, le Néouvielle a produit une forte quantité d'eau venant de la fonte des neiges

    


CAS de l'ADOUR (cartes doc. n° 5 et 6)



    Des Gaves, des Nestes, de la Pique ou de la Garonne, c'est la seule vallée dont les sources ne sont pas situées au niveau de la crête frontière, elles en sont décollées de 20 à 25 km., ce qui signifie qu'elles n'ont pas reçu les fortes précipitations que l'on a rencontré au fin fond des autres vallées (182 mm. à Gavarnie).


     L'étape 4 a donc été estompée sur les hautes vallées de l'Adour et il n'y a pas eu de dégâts significatifs mis à part un débordement à La Mongie, de belles traces de ruissellement sur le Garet (façade Campan du Massif du Néouvielle) et un petit alluvionnement sur la Gaoube (Adour de Payolle)      

   La carte en relief (doc. 5) permet de bien visualiser la situation avancée des sources de l'Adour par rapport à la crête frontière.


   Ce cas particulier est intéressant à signaler car les autres vallées se seraient comportées comme celle de l'Adour si elles n'avaient subi les fortes précipitations de l'étape 4.

  

   En clair, sans la phase 4 on aurait assisté à une grosse crue par fonte des neiges avec des cours d'eau qui auraient été à peu près contenus  dans leur lit, tout du moins en montagne.


    C'est dire s'il fallait être vigilant sur l'occurrence de cette étape 4 ! ce qui n'a pas été fait.

QUELQUES  ORDRES de GRANDEUR

Une idée de la quantité d'eau retenue sous forme de neige à la Fin Mai 2013

    

   Fin Mai, l'épaisseur du manteau neigeux est mesurée en moyenne à 2 m. à 2000 m. d'altitude. Au 20 Mai, la balise nivose des Lacs d'Ardiden (2445 m.) signalait une épaisseur  de 3, 20 m..

    En laissant de côté les 50 ou 60 cm. de neige fraîche récemment tombée et en considérant donc un manteau de 2,70 m. d'épaisseur et d'une masse volumique moyenne de 300 kg./m3, on obtient un équivalent en eau de 810 mm.


     A la fin du mois de Mai, l'équivalent d'environ 800 mm. de pluie était donc bloqué sous forme de neige à partir de 2000/2200 m. d'altitude soit l'équivalent de 7 ou 8 mois de pluie !



Une idée des quantités d'eau (fusion neige et pluie) apportée au Bastan


    Le bassin versant du Bastan avec sa rive gauche (Néouvielle) et sa rive droite  occupe une superficie d'environ 105 km2 dont 46 km2 se situent à plus de 2000 m. d'altitude (hauts vallons d'Ets Coubous, Aygues-Cluses, le Boulou, l'Yse) et Oncet, la Bonida pour la rive droite.


- Eaux de fonte de neige au 16 Juin: en supposant une fusion sur 1 m. d'épaisseur de manteau à 400 kg/m3 (il y a eu compactage depuis le 26 Mai) et ce, sur une superficie de 46 km2 on obtient un peu plus de 18 millions de m3 d'eau:


- Eaux apportées par les pluies du 17 au 19 Juin (103 mm. enregistrés à Barèges, 120 à 130 mm. sur le Néouvielle ?): en prenant une valeur moyenne de 110 mm. de précipitations sur un bassin de 105 km2 on obtient près de 12 millions de m3 d'eau.


   Le sol étant incapable d'absorber la moindre goutte d'eau par des aquifères saturés on peut estimer que 30 millions de m3 d'eau se sont écoulés vers le Bastan entre le 13 et le 18 Juin,  60 % venant de la fusion de la neige, 40 % apportés par la pluie.



Une idée  sur les débits



    Il est pratiquement impossible d'obtenir les débits qui ont été atteints par nos cours d'eau lors de ces crues du 18 Juin. Le débit dépend de la section du cours d'eau et de la vitesse de l'eau mais il aurait fallu que les moulinets hydrométriques résistent à la crue ou que les boîtiers informatiques ne prennent pas l'eau  !  les hydromètres ont été mis hors service au plus fort de la crue à  Argelès-Gazost, à, Lourdes et à Nay pour le Gave de Pau; à Bossost pour la Garonne.

     Mais il n'est pas interdit de les estimer:


Le Bastan


      En imaginant pour le Bastan un débit moyen de 100 m3/s., (le tiers du débit moyen de la Seine à Paris mais sur une pente infernale de 9% !) on constate qu'il aurait fallu trois jours et demi complets à ce débit constant pour évacuer l'eau provenant de la fonte des neiges et de la pluie.

      La mise en charge (avant les pluies du 17 et 18 Juin) puis la décrue ayant été progressive, on peut considérer qu'un débit de 100 m3/s. soit vraisemblable et qu'il y a  peut-être même eu des pointes à 150 m3/s.


Le Gave de Cauterets


    Des calculs assez compliqués à partir de repères sur le terrain et les vidéos des crues prises par les amateurs  tendraient à conclure à un débit de 100 m3/s dans la journée du 18 Juin avec des pointes vraisemblablement à 150 m3/s.


Le Gave de Pau à Lourdes


     Le 20 Octobre 2012 il avait atteint le débit de 375 m3/s. pour une hauteur de 4,20 m. (l'étiage étant à 0,50 m.). Le 18 Juin, la hauteur du pic de crue ayant  été de 5,20 m., il est raisonnable de penser que le débit soit monté à 600 voire 700 m3/s. (Deux fois le débit moyen de la Seine à Paris) car il ne faut pas oublier qu'aux Gaves du Bastan et de Cauterets (300 m3/s. vraisemblablement à eux deux), il faut bien évidemment ajouter les eaux du Gave de Gavarnie et de celles du Gave d'Azun plus, un certain nombre de cours d'eau comme l' Isaby, le Bergons, le Neez…


La Neste d'Oô (qui se jette dans la Pique)


    La Neste d'Oo¨qui est loin d'avoir la taille du Bastan a vu son débit monter à 75 m3/s. mesuré par l' association des pêcheurs de cette vallée et ils y ont même analysé une charge de matière de 50g/l. soit 50 kg./ m3 , une donnée qui conforte pleinement l'estimation que j'en avais faite et qui donne une belle idée de la quantité de matériaux qui a été transportée (cf. ci-dessous))


La Neste à Beyrède (en aval d'Arreau où se réunissent Neste d'Aure et du Louron)


    Au maximum de la crue, un débit de 382 m3/s. a été mesuré (1,3 fois le débit moyen de la Seine à Paris)

    A noter que le débit de la Neste à Arreau avait été évalué à 350 m3/s lors des crues des 07 et 08 Novembre 1982 (Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne)



Une idée de la quantité de matériaux transportée par l'eau.


    Avec l'augmentation de la vitesse et du débit en période de crue, un cours d'eau va se mettre à arracher les matériaux du fond de son lit, arracher les matériaux des berges, il va les transporter sur une plus ou moins grande distance selon la grosseur des éléments puis il va les déposer dès que la diminution de la pente entraînera une plus faible vitesse.


    Le transport se fait de plusieurs manières:


- par suspension (les éléments "flottent entre deux eaux"): il s'agit des parties les plus fines comme les argiles, les limons et les sables jusqu'à une granulométrie plus grossière:  graviers et cailloux (cailloux: des éléments rocheux de diamètre compris entre 2 et 20 cm. pesant jusqu'à plusieurs kilogrammes)


- par saltation au fond du lit: il s'agit des plus gros cailloux et des petits blocs de taille supérieure à 20 cm. pouvant peser plusieurs dizaines de kilogrammes


- par roulement au fond du lit pour les gros blocs pouvant peser plusieurs centaines de kilogrammes, déséquilibrés par le sapement de l'eau, ils se déplacent en basculant tant que la pente le permet


- par flottaison pour tout élément dont la densité est inférieure à 1: bois, plastique…


    Le bruit des cours d'eau par l'entrechoc des éléments rocheux lors des crues du 18 Juin 2013 était assourdissant, des blocs de plusieurs centaines de kilogrammes ont été déplacés jusqu' à 1 et même 2 m. au dessus du lit  normal!

    La charge importante de matériaux en suspension dans l'eau a rendu celle-ci vraisemblablement plus visqueuse l'apparentant, au plus fort de la crue, à une "lave torrentielle" comme le définissait le regretté Haroun Tazieff.


    En considérant uniquement les éléments transportés par suspension et par saltation soit la partie: argile, limons, sables, graviers et cailloux, le calcul d'estimation est impressionnant:


     Sur le Gave de Pau entre Pierrefitte et Lourdes, en imaginant un débit moyen de 400 m3/s. sur 24 h. avec une charge moyenne de 50 grammes de matériaux par litre d'eau soit 50 kg./m3 (cf. débit et charge Neste d'Oô)  on obtient 1 728 000 tonnes de matériaux transportés et déposés au cours d'une journée…


     Cela représente 43 200 bennes de camion chargés à 40 tonnes !

     ou 173 trains "type américain" composés chacun de 100 wagons chargés à 100 tonnes chacun  ! ou encore 173 péniches chargées à 10 000 tonnes !


     Il convient d'y ajouter les blocs de plusieurs centaines de kilogrammes qui ont été déplacés par roulement ainsi que la quantité industrielle de troncs d'arbres, de branches, de plastiques de toutes sortes qui ont été flottés par les eaux


     Et il ne s'agit que des hautes Vallées du Gave de Pau !


Jean-Sébastien Gion

Le 08 Mars 2014

Bagnères de Bigorre

ANNEXE  1 : la partie finale de ma publication du 18 Février 2013  

"Record absolu de hauteur des précipitations du 1er Janvier au  14 Février 2013"

(Publié sur alternatives-pyrenees.com et Bagneres-Adour.com le 18 Février 2013)


(Jean-Sébastien Gion, Master en Aménagement des Ressources Naturelles - UPS, Toulouse)


Les problèmes qui nous attendent


    Déjà les conditions de circulation sont très difficiles, de nombreuses coulées et avalanches se sont produites mais la suite risque d'être problématique car, pour le moment, en intégrant Décembre 2012 et en tenant compte de ce qui a déjà pu fondre (redoux du 26 au 28 Janvier), nous devons avoir quelque chose comme  400 mm. d'eau (le 1/3 d'une année) bloquée sous forme de neige en montagne, c'est énorme et l'hiver n'est pas fini ! De plus, il peut très bien largement neigé, encore au mois d'Avril et au mois de Mai.


     Si un redoux se produit par un vent à effet de fœhn par exemple (vent du Sud, vent d'Espagne, Balaguère) il y aura une belle crue de nos cours d'eau. Tout dépendra de l'évolution des températures.


   Le pire scénario serait un redoux accompagné de fortes précipitations comme on peut en voir en Avril ou en Mai. Les crues seraient alors très fortes. Pourrait t'on revoir les inondations du 23 Juin 1875 qui avaient été prévues par le Général de Nansouty et qui avaient affecté le Sud-Ouest à la suite de la fonte des neiges de l'hiver 1874-1875 et des précipitations du mois de Mai et de Juin ?

  

      L'extraordinaire récit du Général de Nansouty donne une idée de la grande quantité de neige qui s'était déposée entre mi-Novembre et mi-Décembre 1874:

     Dès le 15 Novembre 1874 il y avait 4 m. d'épaisseur de neige apportée par le vent contre la façade Nord de la station Plantade (2378 m.). Du 09 au 13 Décembre: tempête de neige, véritable ouragan… la fenêtre de la station est défoncée le 11 à 23 h. puis la porte le 12 à 6 h. du matin. Il fait – 18° à l'intérieur !

     Accalmie le 14 Décembre, le Général de Nansouty décide alors d'abandonner la station avec ses compagnons Brau et Baylac et suivi de son fidèle chien "Mira";

- Départ de Sencours le 14 Décembre à 8 h.45., "Brau ouvrait le passage avec sa poitrine, ses mains et  ses genoux…";

- "La Roche Fendue" (Cabane de Pène Blanque" ?) à 11 h., "elle ne dépassait la neige que de 0,30 m. environ."

- arrivé au fond du vallon d'Arize: "La neige nouvelle, sondée au moyen de mon bâton gradué, mesurait 1,80 m. à 2,20 m….";

- au "Pont-de-Bois (Pont des Vaquès ?) à 15 h.,

- A Tramezaygues à 16 h.30 (cabane du sieur Brune, qui est fermée),

- A 20h15 sur le bord de route recouvert par 1,20 m. de neige; 1 km. avant Gripp, par endroit "il fallut marcher dans la neige jusqu'au cou…" .

- Arrivée à l'Hotellerie du sieur Brau-Nogué à Gripp le 15 Décembre à 1 h. du matin !


"Nous pensions atteindre facilement Gripp en six ou huit heures; en marchant lentement, ce même trajet peut être fait, en été, en trois heures: nous en mîmes seize"    

                     

                        (Lettre datée du 17 Décembre 1874 du Général de Nansouty à Mr Frossard, président de la société Ramond).

     


Jean-Sébastien Gion

Le 14 Février 2013


ANNEXE  2 : la partie finale de ma publication du 28 Mai 2013

"La climatologie de 2013 continue à se corser sérieusement… inquiétant !"

"État de la situation  au 28 Mai 2013"

Publié sur alternatives pyrenees.com et Bagnères-Adour.com le 29 Mai 2013

(et journal du 20 Mai 2013, 18h., de Sud Radio)


(Jean-Sébastien Gion, Master en Aménagement des Ressources Naturelles - UPS, Toulouse)



    Hormis les habitants en montagne ou les professionnels qui vivent de la montagne, on ne peut s'imaginer l'enneigement considérable qui reste encore présent sur nos Pyrénées et qui rend la situation tout à fait exceptionnelle et inquiétante pour le proche avenir…



… Et au mois de Juin…


    Le service des routes a un travail phénoménal à accomplir pour ouvrir les cols d'Aubisque et du Tourmalet. Pour ce dernier, au 26 Mai, le déneigement côté La Mongie a été fait jusqu'au dernier virage avant le col  (vers 2080 m. d'altitude). L'épaisseur de neige sur le bord de route atteint fréquemment les 4 m. mais il y a de fortes accumulations de 7 à 8 m. au niveau de la combe qui n'a pas encore été percée… Côté Barèges, ce n'est pas mieux, si ce n'est pire…


    Gros problèmes également pour les éleveurs: au 26 Mai, les estives en ombrée étaient totalement impraticables à partir de 1700/1800 m.; en soulane, il y a des zones libérées jusque vers 1900/2000 m. mais il faudra bien compter de toutes façons une quinzaine de jours avant que l'herbe ne verdisse après la fusion de la neige.


    La floraison de toutes les espèces sub-alpines et alpines est considérablement retardée et il est vraisemblable qu'il restera nombres de zones où la floraison ne pourra avoir lieu vu une persistance du manteau neigeux prévisible. En revanche, cet enneigement important de l'hiver (et du printemps) devrait entraîner une très belle floraison des rhododendrons (avec retard) et une très belle fructification des myrtillers (sauf gel toujours possible par les temps qui courent)



Risque naturel par inondation


    Mais c'est la situation future des cours d'eau qui est préoccupante… En analysant la situation d'aujourd'hui on peut constater qu' en fin de mois de Mai, nous nous trouvons dans la configuration des conditions qui avaient provoqué les grandes crues du 23 Juin 1875…mais il manque heureusement encore une étape qu' il faut espérer qu'elle n'arrive jamais… Pour comprendre, il faut comparer les hivers et les printemps de 1875 et de 2013 en découpant le scénario en  4 étapes:

 

-  L' étape 1 est accomplie: les très fortes précipitations neigeuses de l'hiver 2012-2013 la rendent similaire (et peut-être même à un niveau supérieur) à l' hiver 1874-1875


-  L' étape 2 est également accomplie: ce sont les précipitations élevées du printemps, au dessus de la normale: + 12 % en Avril et + 43 %  en Mai  (chiffre arrêté au 28 Mai)


-  L' étape 3 reste à faire mais elle aura obligatoirement lieu: le futur redoux  va attaquer la fusion de l'énorme charge de neige… les hydrologues des bassins Adour/Garonne suivent l'évolution de très près. Cette étape de redoux peut s'effectuer, en fait, de plusieurs manières:  

- Si la remontée des températures est lente, cela devrait ne pas trop mal se passer même si cela baigne un peu en aval.


- Si le redoux est très marqué, les côtes d'alerte vont être atteintes voire, dépassées.

- mais le pire serait la mise en place d' un vent à effet de Fœhn* (vent du Sud ou vent d'Espagne ou Balaguère), les cours d'eau réagiront violemment, les côtes déjà élevées des 9 et 10 Mai  1991 et des 10 et 11 Avril 1994 seront dépassées avec, à l'évidence, de gros problèmes sur les bassins de la Garonne et de l'Adour. Pour ce dernier, gare à la région de Peyrehorade (réunion des Gaves de Pau et d'Oloron) et à la confluence avec l'Adour à Port-de-Lanne ainsi que tout l'aval.


         * Différence entre la fusion de la neige par redoux classique et par effet de Fœhn


      Les masses d'air poussées par un vent du Sud sont amenées à sauter les Pyrénées; en ascendance sur le versant espagnol, ces masses d'air se détendent, se refroidissent et s'assèchent puis, elles dévalent, sèches, le versant français en se réchauffant fortement par compression. C'est cet air sec et doux qui accélère dramatiquement la fusion de la neige;

     L' Association Nationale pour l' Étude de la Neige et des Avalanches (ANENA) et Météo-France estiment que sous effet de Fœhn, la fusion du manteau neigeux s'effectue trois à quatre fois plus vite que sous incidence solaire directe (fusion classique).

     Mais il faut ajouter une précision: alors qu' une fusion classique affecte d'abord les soulanes puis progressivement les ombrées au fur et à mesure que la saison avance , la fusion sous un effet de Fœhn va, par contre, affecter les ombrées comme les soulanes et qui plus est, en même temps… tout y passe et rapidement !


-  L'étape 4 entraînerait la tuile totale… En 1875, aux trois étapes décrites ci-dessus se sont ajoutées des journées de précipitations à forte intensité (167 mm. les 20, 21 et 22 Juin ) ce qui a déclenché  ce que l'on a appelé "les grandes inondations du Sud-Ouest":


- déjà, le 05 juin, la côte de la Garonne à Toulouse était à + 4,30 m. suite au mois de Mai 1875 pluvieux et à la fonte des neiges de l'hiver (aujourd'hui 28 Mai 2013 nous nous approchons de ce cas de figure)

- Mais le 23 Juin, les pluies diluviennes des 20, 21 et 22 firent monter la côte de la Garonne à Toulouse de + 6,20 m. jusqu' à + 8,32 m. à 22h45 … Les dégâts furent considérables: 6 départements touchés, 600 victimes, 10 000 maisons détruites, bétail emporté… cet événement dramatique fait toujours référence aujourd'hui pour les risques d'inondation par crues à caractère centennal..


      Alors qu' il faut déjà surveiller la fonte des neiges comme l'on surveille le lait sur le feu,  espérons ardemment que cette fonte soit douce et qu'il ne s'y ajoutent  des journées trop pluvieuses comme en a connu le mois de Juin 1875 ! "Que d'eau ! que d'eau !" s'était alors exclamé  Mac-Mahon en constatant les dommages.


Jean-Sébastien Gion, Bagnères de Bigorre, le 28 Mai 2013

ANNEXE 3: Mon mail du Lundi 17 Juin  2013  envoyé à 16h17  soit 21h. 43 mn. avant l'alerte rouge officielle

 de Jean-Sébastien, Météo: Malheur ! la 4ème étape, comme en Juin 1875, se prépare...

 Reçu le 17 juin 2013 à 16:17

 3278 Ko

De :

gion.jean@9business.frAjouter aux contacts


Pièce(s) Jointe(s) :

Garonne 13 Juin 2013.JPG(1.04 Mo)

Gave Mamelon vert 14 Juin 2013 20 h. + 30 cm. en 12h.JPG(1.12 Mo)

Gave 2X2 voies, 14 Juin 2013, 21 h..JPG(1.03 Mo)


Bonjour mes chers amis,


Aie ! Aie ! Aie ! Je viens de prendre les prévisions météo et j'ai bien peur que ce que je redoutais ne se produise car, malheur ! la toute dernière étape est en préparation: des pluies importantes sont à prévoir et qui vont s'ajouter à la fonte des neiges (cf. article du 28 Mai)


Hier, 16 juin: + 32°, réponse immédiate des cours d'eau en fin de journée... Gaves, Adour, Nestes et Garonne sont en furie (çà dépote sec du côté de Cauterets-La Raillère, le Gave à Argelès, notre Adour (hier soir, le niveau fricotait avec le haut du petit parapet, sous le pont du chemin de fer et ça baigne dans l'ex grenouillère mais ça, c'est normal: ce n'est pas le misérable bassin de rétention et le microscopique busage de l'Adour qui vont être capables d'absorber une fonte des neiges digne de ce nom) 


Météo-France annonce des orages violents pour ce soir: alerte jaune aux orages, soit !


Mais c'est la suite qui m'inquiète le plus avec des précipitations sous effet de foehn demain Mardi et après-demain Mercredi. Météo-France prévoit 30 à 40 mm. de pluie sur chacune de ces journées avec "vraisemblablement plus au niveau de la chaîne frontière"... En clair on pourra ramasser 50 ou 60 mm. de pluie sur Bagnères ou Lourdes (largement suffisant pour faire déborder l'Adour ou le Gave) tandis qu'il en tombera peut-être 150 ou 200 (ou plus) sur le Campbielh, le cirque de Gavarnie ou les Oulettes de Gaube (comme le 19 Octobre.dernier). Je ne vous dis pas le résultat, ce sera monstrueux. 


Si la prévision de Météo-France est juste et j'ai bien peur que oui, ce n'est pas une alerte jaune qu'il faut envoyer mais une alerte rouge écarlate: à deux jours près, c'est exactement ce qui s'était passé en 1875 les 20, 21 et 22 Juin (167 mm. en 3 jours) ce qui avait entraîné l'énorme crue du 23 Juin 


La voici donc cette 4ème et dernière étape ! comme en 1875


Mesdames, messieurs: aux abris ! Soyez vigilants et prudents ! Rendez-vous au Mercredi 19 juin en soirée ou Jeudi 20 en matinée pour constater les dégâts...


Très cordialement et à ce soir au Cantalou en attendant...


Jean-Sébastien.


Jean-Sébastien GION,

Master en Aménagement des Ressources Naturelles (UPS, Toulouse),

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