Les inondations de janvier 2013
dans les Hautes-Pyrénées)
De nombreuses inondations en plaine dues à des cours d’eau sortis de leur lit :
Pont de Solazur, chemin d’Ibos à Tarbes.
Les jardins de Solazur à Tarbes.
La zone de Bastillac à Tarbes.
Dépêche du Midi du 21 janvier 2013 : Après la neige les crues... Il est tombé, sur
la Bigorre, selon les secteurs, jusqu'à 80 mm d'eau en moins de 48 heures, ce qui
est exceptionnel. Le réseau hydrologique a plus ou moins bien absorbé ces pluies
diluviennes. “À partir de 30 mm d'eau par 24 heures, on considère que c'est un épisode
exceptionnel”, témoigne la prévisionniste de la station Météo France de Tarbes. Or,
en 48 heures, il est tombé jusqu'à 80 mm de pluie, ce qui en fait le 13e plus fort
cumul de précipitations depuis la création de la station. Exceptionnel, vraiment.
Du coup, les rivières ont considérablement forci, et depuis samedi, le département
était placé en vigilance orange, surtout sur le bassin de la Baïse. Et ce d'autant
plus que le redoux avait déjà fait fondre une partie des importantes chutes de neige
qui s'étaient abattues sur la montagne en début de semaine.
Une cellule de crise, sous l'autorité du sous-préfet d'Argelès, Jean-Baptiste Peyrat,
a été activée dès 3 heures du matin, à la préfecture, afin de coordonner les moyens,
gendarmerie, pompiers, ainsi que les maires des communes concernées. “Ceci afin de
bloquer les routes inondées et de prévenir d'éventuels dégâts.” Si de dégâts il n'y
eut point, de nombreuses routes ont été coupées, notamment dans le secteur des coteaux
(autour de Trie, D939 en direction de Mirande, sur la D14 entre Chelle-Debat et Cabanac)
ainsi que dans le nord du département où l'Echez avait un peu pris ses aises. “Dès
7 h 30, la Baïse a commencé à décroître”, annonçait-on à la cellule de crise en milieu
de matinée, cellule qui allait être désactivée aux alentours de midi, car la situation
revenait à la normale. Tout du moins sur le bassin de la Baïse, car dans la matinée,
c'est l'Echez qui a continué à faire des siennes. Dans le secteur de Maubourguet
toujours, mais également dans l'agglomération tarbaise (voir page suivante). Toutefois,
en fin de journée, l'épisode était en régression, aidé par une belle accalmie. Et
même s'il a recommencé à pleuvoir en fin de journée, les quantités n'avaient rien
à voir avec celles enregistrées les jours précédents.
Du côté de la montagne, il a également neigé sur les hauteurs, dans la nuit de samedi
à dimanche, apportant, selon les secteurs, une couche de neige de 20 à 30 centimètres.
Mais la circulation, notamment les accès aux stations, a pu être préservée.
Cellule de crise à Trie-sur-Baïse
Une cellule spéciale a été installée à la gendarmerie de Trie, du fait de l'alerte
orange sur la Baïse; ses hommes ont activement travaillé au balisage des routes inondées./Photo
J.P.
Maubourguet : plusieurs débordements
Que d'eau, ce dimanche 20 janvier au matin, et il pleut, il mouille sans cesse. Dans
la nuit de vendredi à samedi, la pluie est tombée avec une intensité particulièrement
forte. Il est à noter que depuis 10 jours, pluie et vent sont au programme journalier.
En 3h, il est tombé l'équivalent des deux tiers des précipitations d'un mois de novembre.
Il est vrai que souvent, en début d'hiver, les cours d'eau quittent leur lit majeur
et “évoluent dans leur espace de liberté”, comme disent les spécialistes.
Dans le quartier de l'Echez, la rivière s'étale sur les berges, devant les maisons,
et a envahi les prés dans lesquels gambadent moutons et chevaux, ce qui n'était pas
arrivé depuis quelques années. L'eau recouvre entièrement l'aire de pique-nique et
atteint les plateaux des tables. Dans la plaine, route de Marciac, l'Estéous inonde
les prairies et la chaussée. Certains agriculteurs ont dû recourir à leurs tracteurs
pour pouvoir quitter leurs habitations, les petites routes étant totalement recouvertes.
La route de Marciac est bien submergée et la signalétique est posée. Henri Guerra,
responsable du centre de secours : “Nous avons fait plusieurs reconnaissances et
nous nous tenons en alerte”. L'Adour, quant à elle, si le courant est fort, reste
dans son lit. L'heure de la décrue est attendue.
Janine Noguez
Dépêche du Midi du 21 janvier 2013 : Trie-sur-Baïse. La crue de la Baïse mobilise
les secours. Alors que les Triais dormaient, ils ne se doutaient pas que le centre
de secours de Trie était en effervescence. En effet, dans le local des sapeurs-pompiers,
gendarmes, les agents des routes, une équipe du conseil général des Hautes-Pyrénées,
plusieurs centres de secours, étaient prêts à intervenir en cas de besoin pendant
la nuit de samedi à dimanche. La Baïse était en crue, la cote d'alerte était très
élevée : 4,80 m. La préfecture et le Codis avaient prévenu la veille. Quatorze personnels
dont huit militaires, de Tarbes Trie et Galan ; ces derniers sous les ordres du commandant
Dard ; six centres de secours : Lannemezan avec 2 hommes ; Tournay 3 ; Castelnau-Magnoac
2 ; Trie 8 ; Tarbes avec 8 plongeurs et une embarcation ; Galan 3 ; un chef de groupe
le lieutenant Cadieu ; un chef de colonne le capitaine Adesque ; un technicien supérieur
de l'agence des routes de Galan, responsable d'astreinte, M. Casquillas.
“Nous avions pour mission, explique le commandant Dard, de nous assurer que les élus
étaient au courant que la zone de Trie était touchée, assurer des patrouilles, rendre
compte de la montée des eaux. À 9 heures hier matin, la cote d'alerte avait baissé
un peu, à 4,50 m, grâce à une accalmie de la pluie.” Toutefois, le pré de Michel
Darré, attenant au garage Cieutat et à la station d'épuration, disparaissait sous
les eaux de la Baïse. La route de Trie à Mirande avait été fermée par crainte d'inondation.
La dernière crue de la Baïse à Trie remontait à environ une vingtaine d'années.
J. P.
Dépêche du Midi du 21 janvier 2013 : L'agglo tarbaise également touchée par les inondations
Intempéries. À Tarbes, les berges de l'Adour ont été inondées, et le Caminadour a
été fermé entre les ponts de Chez Poca et Nelli. Même si les inondations ont surtout
touché le secteur des coteaux, avec une Baïse en expansion, l'échez a lui aussi fait
des siennes à Tarbes et alentours… “C'est monté en un quart d'heure à peine”, témoigne
Christian Darrouzès, patron de services techniques de la mairie de Tarbes, appelé
en urgence ainsi que ses équipes sur la rocade ouest de Tarbes, où le rond-point
de l'Université est totalement impraticable. L'échez, dont on sait qu'il est fantasque
dans ce secteur de la zone Bastillac, avait envahi son bassin d'expansion, mais rien
ne laissait présager une incursion sur la route. Et pourtant, une bouche d'égout
refoule les eaux à gros bouillons, interdisant toute circulation. Ce qui est quand
même gênant sur cet axe majeur ; de fait, les services du conseil général et la police
municipale ont mis en place une déviation afin d'indiquer l'itinéraire de délestage
aux automobilistes. La rocade est restée fermée à la circulation jusqu'à 17 heures.
“Nous avons levé le dispositif, mais nous allons laisser le secteur sous surveillance
toute la nuit, au cas où, même si la décrue est confirmée.” L'Adour a, elle aussi,
quitté ses pénates pour envahir les berges. “Nous avons également fermé le Trait
vert entre le pont de Chez Poca et le pont Nelli, par mesure de précaution.” Et éviter
ainsi qu'un marcheur du dimanche ne se fasse emporter par les flots. Plus étonnant,
en revanche, est l'envahissement par les eaux de la future rocade nord-ouest de Tarbes,
au niveau du passage souterrain, rue Anatole-France à Bordères-sur-l'échez. La voie
est toujours en chantier et donc pas encore ouverte à la circulation, les systèmes
d'écoulement des eaux ne sont sans doute pas encore en place. Enfin, l'échez, toujours
lui, a aussi envahi le village de Gayan, et s'est largement écarté de son lit tout
au long de son cours, mais sans faire trop de dégâts, hormis à Louey, où il a “léché”
de nombreuses habitations, certaines se sont retrouvées les pieds dans l'eau, et
dévasté quelques jardins.
Christian Vignes